L'AV3 de 1949   par P. Dol

Il faut remonter à la fin de la première guerre mondiale pour retrouver l'arrière grand-mère de la célèbre Mobylette. Vers 1920, la société SICAM où travaillent Abel Bardin et Charles Benoît, est une entreprise qui fabrique des petits moteurs auxiliaires 2 temps pour bicyclettes. Ces moteurs étaient fixés au centre du cadre et comportaient une transmission primaire par courroie, un relai démultiplicateur et une chaîne pour la transmission secondaire. Cette formule (améliorée) sera employée, bien plus tard, avec le succès que l'on sait pour la motorisation de la célèbre Mobylette.

Le projet: C'est l'engouement pour le Vélosolex (exposé pour la emière fois au Salon 1946) qui décide Charles Benoît à concrétiser son rêve de "bicyclette munie d'un bon petit vent arrière permanent". La construction du prototype en 1949 consista surtout en un assemblage d'éléments existants sur d'autres machines. C'est une bicyclette datant de 1938, dont le cadre fut renforcé, qui servit de base à la partie cycle. Le moteur, à peine modifié, était celui du "Poney" dont la cylindrée avait déjà été ramenée de 63 cc à 50 cc. Le réglage de la chaîne était assuré par déplacement de la roue arrière et la tension de la courroie par basculement du moteur. Ainsi, malgré l'hostilité du service commercial, la Mobylette est présentée au Salon 1949.

L'accueil du public: Le public fut enthousiaste et le succès immédiat grâce, en particulier, à un rapport qualité/prix imbattable et une facilité d'utilisation la mettant à la portée de n'importe quel cycliste. N'oublions pas en effet, qu'au sortir de la guerre, la quasi-totalité des ouvriers ou employés utilisait une bicyclette pour leurs déplacements quotidiens. Le cycliste était donc l'acheteur potentiel privilégié de la Mobylette. De plus son cadre ouvert convenait "aux deux sexes" comme le souligne un essai paru dans "Motocycle" en 1949. D'autres avantages sont loin d'être négligeables, à une époque où on était encore à la préhistoire du cyclomoteur :

  • Propreté : Le réservoir placé sous la selle entre le tube de selle et le garde-boue arrière est hors de tout contact avec les vêtements. De même, le capotage recouvrant le carter et le carburateur (spécialement conçu pour n'avoir pas de titillateur) met l'usager à l'abri de tout suintement et de toute projection.
  • Confort : Silence de fonctionnement et souplesse du moteur qui malgré des performances modestes (vitesse de 30 km/h) permet de grimper des pentes de 7 % sans pédaler. 

  • Agrément de conduite : Le guidon à branches relevées allié à la selle large et bien suspendue permet une conduite sans fatigue. L'avertisseur électrique Timbrelec et le joli phare profilé apportent la touche moderne qui fait défaut à d'autres marques. 
  • Simplicité d'utilisation : Toutes les commandes sont regroupées au guidon. A gauche, une manette à portée de pouce actionne pour le départ à froid le volet d'air du carbu. A droite, une poignée tournante règle les gaz et la vitesse et en fin de course ouvre le décompresseur. Les freins sur jante à tirage direct obéissent à 2 poignées inversées en bout de guidon.

Petite remarque historique: Le terme AV 3 désigne en fait le moteur seul. Un prototype de propulseur auxiliaire, à fixation latérale sur la roue arrière, baptisé" AV 2 avait été étudié en 1942 en vue d'équiper l'immense parc des bicyclettes. Mais le projet ne fut pas retenu et c'est finalement une autre conception de motorisation de bicyclette qui verra le jour sous la dénomination Mobylette AV 3.

Les évolutions: Suivant une politique qui fera durant de longues années la particularité de la marque MOTOBECANE, le modèle de base (sans embrayage, ni béquille, ni suspension) allait dès 1952 être complété par des variantes améliorées : l'AV 31 adoptera une fourche télescopique et l'AV 33 un embrayage automatique.

La combinaison des "options" donnant naissance à une foule de modèles intermédiaires. L'histoire de la Mobylette, ne faisait que commencer. Depuis sa création en 1949, l' AV3 sera sans cesse améliorée. Après une vie de près de 50 ans, elle atteint sa dernière évolution sous la forme de l'AV 88 encore vendue en 1997 par MBK sous l'appellation MOTOBECANE.