Né quelques mois avant le premier conflit mondial, Eric Jaulmes vient de disparaître le 23 octobre dernier dans sa 89 ème année. Ce cévenol, neveu de Charles Benoît, fondateur de Motobécane, a consacré sa vie à la firme de Pantin et au développement de la motorisation à deux roues.
De solides études clôturées par un diplôme d'ingénieur à l'institut Electrotechnique de Grenoble le conduisent tout droit chez Motobécane qu'il intègrera dés 1929 en tant que stagiaire. C'est le neveu du " patron ", mais chez Motobécane pas de favoritisme. Le jeune Eric, malgré son diplôme d'ingénieur, commence au bas de l'échelle. Quand les tours et les fraiseuses n'ont plus de secrets pour lui, il intègre les ateliers de montage et les bancs d'essais. La planche à dessin viendra ensuite, avec la participation à l'étude des fameux blocs " S " et des moteurs d'avion mais aussi des bicyclettes à moteur auxiliaire et de l'AB1, prélude à la fameuse D45 qui remettra la France sur roues après la libération.

Steinbach, responsable des études est déporté à Dachau. Eric Jaulmes, revenu de Syrie ou il avait été mobilisé, reprend la direction des études. Il quittera Motobécane en 1978 après plusieurs décennies de créations qui ont marqué l'histoire du deux roues à moteur. Eric Jaulmes c'est la Mobylette bien sur, mais aussi les monocylindres quatre temps Z et D45, dont quelques exemplaires sillonnent encore nos routes de campagne. C'est la voiture, avec le quadricycle Mobyquatre et la KM2 4 cylindres A.C.T. qui ne seront malheureusement jamais produites

Ce sont aussi de nombreux brevets et inventions souvent très éloignées du monde de la moto. Je pense à un remonte pente motorisé pour skieurs. Enfin, plus prés de nous, ce sont les travaux sur les allumages et les injections directes électroniques développées dés 1970.

Eric Jaulmes n'est pas resté inactif pendant les années qui ont suivi sa retraite et la prise de contrôle de Motobécane par Yamaha (MBK). Les étudiants de l'université de Limoges se souviennent encore d'un cours magistral sur l'équilibre des motocyclettes.

Aujourd'hui, son oeuvre et sa mémoire restent éternelles. Chez MBK, l'empreinte de ses créations est indélébile. Un petit musée interne regroupe quelques-unes unes de ses créations. Eric Jaulmes était très proche du Motobécane Club de France. Son aide et ses souvenirs nous permettent d'écrire l'histoire de cette marque bien française qui fut à une époque le premier constructeur mondial.

Merci Monsieur Jaulmes, chaque fois que nous croiserons une " bleue ", nous penserons très fort à votre génie.

Patrick Barrabès