Motobécane ou Motoconfort

Par Patrick Barrabès

Bien que la majorité des amateurs de motos Françaises sachent que Motobécane et Motoconfort ont vendu les mêmes produits sous les deux dénominations, on peut encore trouver dans les allées d’une bourse d’échange ou au fil d’une lettre, des gens qui demandent encore le pourquoi de la chose.

Je vais donc faire un point définitif sur ce sujet. Pour cela, nous allons remonter le temps de sept décennies et nous retrouver au milieu des années vingt, ces années dites folles où tout était possible, où les marques naissaient et atteignaient rapidement le zénith ou parfois disparaissaient en quelques semaines. En cette fin 1926, pendant qu’à Toulouse les pilotes de la toute jeune Aéropostale, sous l’impulsion de Didier Daurat, tentaient de porter quelques kilos de courrier par deçà la Cordillère des Andes, à Pantin, Charles Benoît et Abel les pères de la MB1 représentée sur l’affiche originelle en compagnie d’un facteur, se posaient beaucoup de questions. La 175 à courroie directe, par ses qualités de robustesse et d’extrême simplicité avait su conquérir une assez large clientèle. Mais l’élégante motocyclette au réservoir bleu nuit présentait un grave défaut. C’était l’unique modèle produit par les Ateliers de la Motobécane dont la santé financière était encore fragile.

Que faire? Sortir un nouveau modèle était vital, mais les deux associés manquaient encore d’expérience et fabriquer un modèle raté pouvait vite détruire l’image de marque acquise grâce a la MB1 et couler la jeune firme. Décision fut donc prise de construire une machine de plus forte cylindrée, mieux équipée et de finition luxueuse. Les pneus à talons de forte section procurant un confort certain, la nouvelle venue, une 308 cc, fût nommée la MOTOCONFORT. La plaque rivetée sur le carter de magnéto portait l’inscription: MOTOCONFORT MC1 moteur licence MOTOBECANE. En cas d’échec du modèle la réputation de la marque n’aurait été que faiblement entachée. Comme nous le savons, ce sombre destin ne s’est jamais réalisé, et la « 308 », malgré une production relativement modeste, a suivi une carrière tranquille, émaillée par diverses évolutions jusqu’au début des années 30.

Petite anecdote : sur les catalogues publicitaires, les Motobécane sont souvent photographiées du côté gauche et les Motoconfort du côté droit. Ceci est dû au fait qu’un seul prototype était utilisé pour la réalisation des dépliants, avec un réservoir portant un sigle diffèrent de chaque côté.

Les deux dénominations ont survécu très tard, puisqu’un courrier interne paru vers 1979/80, mais que je ne possède malheureusement plus, informait les concessionnaires d’un retour à une marque unique